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UMBRELLA ACADEMY : la saison de la réussite

  • Agathe
  • 4 août 2020
  • 7 min de lecture

"I heard a rumor..." : la saison 2 d'Umbrella Academy vient de pointer le bout de son nez sur Netflix ! Cette série de super-héros ultra pop et stylisée, développée par Steve Blackman, est l'adaptation des bandes-dessinées homonymes de Dark Horse Comics.


Sa première saison avait bénéficié d'un gros coup de pub pour sa sortie, et avait ainsi engendré de grandes espérances chez les téléspectateurs.


Petit rappel du pitch de base : Le 1er octobre 1989, 43 bébés dotés de capacités extraordinaires sont mystérieusement mis au monde par des femmes qui n'étaient pas enceintes. Sir Reginald Hargreeves, un brillant inventeur milliardaire, en adopta sept d'entre eux et fonda l'Umbrella Academy dans le but de les former à « protéger le monde ».

Les enfants grandirent et accumulèrent les exploits, mais petit à petit leur groupe se désagrégea, et ils se séparèrent pour mener leurs vies respectives. 17 ans plus tard, les six membres toujours en vie - et désormais trentenaires - se retrouvent pour l'enterrement de leur père, et apprennent que l'apocalypse aura lieu dans huit jours...



Même si beaucoup avaient été conquis par cette première saison, j'étais pour ma part restée sur ma faim ! Trop anecdotique, de la forme (certes jolie) mais pas de fond, épisodes trop longs : elle ne m'avait pas du tout convaincue, et je n'étais pas partie pour regarder la suite. Grand bien m'en a pris de ne pas rester sur ma première impression ! J'ai tout bonnement adoré cette nouvelle saison 2.0 ! Plus palpitante, plus rythmée, mais aussi plus profonde, on s'éclate vraiment en la regardant tout en y repensant après coup...


Je vous propose tout de suite un petit tour rapide des raisons de poursuivre l'aventure !



Une série plus rythmée et plus compréhensible


L'une des faiblesses de la première saison d'Umbrella Academy était sa construction narrative, tirant littéralement TOUT sur la longueur et créant un manque de rythme certain.


Heureusement, ses créateurs ont su rectifier le tir. Les épisodes d'environ une heure ont été raccourcis à 45 minutes pour cette nouvelle saison, offrant aux téléspectateurs des épisodes plus denses et donc plus intenses.


Adieu les dialogues à rallonge, les intrigues secondaires superflues : on va à l'essentiel, et ça fait du bien ! Même si les épisodes sont plus courts, on a l'impression d'avoir gagné en action. Le rythme est plus soutenu, efficace ; la série tout bonnement plus captivante.



Mais au-delà du rythme, la série gagne surtout en fluidité et en compréhension. On ne perd plus de temps sur des détails inutiles ou des scénettes vides de sens. Umbrella Academy bénéficie à présent de toute notre attention !


Une nouvelle époque et de nouveaux enjeux


Mais où sont donc passés les membres d'Umbrella Academy ? Ou plutôt devrais-je dire quand ? Souvenez-vous, nous les avions quitté en pleine apocalypse, face à une lune sur le point de détruire la Terre ! Et bien on reprend exactement où on les avait laissé...


Pour empêcher l’apocalypse provoquée par Vanya, la fine équipe décide de suivre (à contre-coeur) leur frère Five dans le passé. Résultat quelque peu discutable : ils débarquent tour à tour à Dallas, dispatchés dans le temps et livrés à eux-mêmes, entre 1960 et 1963. Bravo Five ! C'est d'ailleurs le dernier à atterrir en 1963. Il se retrouve alors plongé au milieu d'une guerre nucléaire dévastatrice ! Five remonte in extremis dans le temps, dix jours plus tôt, et dispose de ce délai pour réunir la fratrie et tenter d'empêcher cette catastrophe.



Au-delà d'une nouvelle apocalypse à éviter, de nouveaux enjeux ancrés dans cette époque ont débarqué dans une série qui manquait justement cruellement de fond.


Malgré de magnifiques décors et de sublimes costumes d'époque, ne vous leurrez pas : il ne fait pas bon vivre au Texas dans les sixties... Homophobie, domination des maris sur leurs femmes, racisme : à l'heure du #metoo et du Black Lives Matter, cette série ne pouvait pas toucher plus juste !


Ces intrigues entourant leur mission pour sauver le monde sont loin d'être anecdotiques.

Lutte pour les droits civiques des noirs, Flower Power, liberté sexuelle, émancipation de la femme, refus de la guerre et de la violence... Les années 60 permettent à la série, à travers les mouvements qui ont embrasé cette époque, de souligner les problèmes fondamentaux de la société d'aujourd'hui.



De ce point de vue, Umbrella Academy résonne pour moi avec Watchmen, la dernière création brillante de Damon Lindelof. Même si elles diffèrent en de nombreux points, les deux évoluent dans un univers de Science-Fiction bouleversé par le racisme et la violence.


Dans Watchmen, l'histoire prend place dans une réalité alternative, de nos jours à Tulsa, Oklahoma. Loin d'être une ville choisie au hasard, Tulsa a connu en 1921 une importante émeute raciale menée par des White Americans contre la communauté noire. Des centaines de morts et de blessés, des milliers d'Afro-américains à la rue : cette émeute est considérée comme l'un des pires incidents de violence raciale dans l'histoire des États-Unis.


Qu'il soit combattu par des super-héros dans Umbrella Academy ou des justiciers masqués dans Watchmen, le racisme est en tout cas plus que jamais dénoncé dans les séries contemporaines, de plus en plus engagées. Et c'est tant mieux !



Des personnages plus profonds et plus touchants


Un des autres points faibles d'Umbrella Academy était le manque de substance, d'épaisseur de ses personnages. Heureusement, là encore les scénaristes de la série ont appris de leurs erreurs, et ont réussi à mieux les caractériser, à les rendre plus sensibles, plus complexes, et donc bien plus touchants.


En atterrissant séparément à Dallas entre 1960 et 1963, nos héros se retrouvent totalement livrés à eux-mêmes. Coincés dans les 60's, sans garantie aucune que Five arrive un jour à les retrouver pour les ramener à leur époque, chacun a dû faire face à la solitude et l'inconnu et se réinventer une nouvelle vie (et un nouveau look).



Gourou d'une secte, patient interné en psychiatrie, petite main dans un salon de coiffure, bodyguard, engagement dans la lutte pour les droits civiques des minorités... Cette situation exceptionnelle a permis d'explorer de nouvelles facettes de la personnalité de nos super-héros et de leur donner plus de profondeur. Et surtout, ceux qui avaient été laissé sur le bas côté ont désormais plus de place (Diego et Ben notamment).


Elevés par un père au coeur de pierre, une mère robot et Pogo le singe qui parle : bonjour les dégâts psychologiques sur les membres de cette famille dysfonctionnelle. Après une première saison qui nous a montré à quel point ils étaient en effet inadaptés à l'amour, aux relations saines, à la confiance en l'autre, on retrouve enfin des personnages plus humains, mais aussi à l'écoute des autres et de leurs propres émotions.



On découvre d'ailleurs avec plaisir une alchimie jusque là inexistante au sein de cette fratrie. Des liens fraternels sincères et complices existent pour la première fois sous nos yeux !


Il se dégage de cette saison une véritable mélancolie, qui se marie bien à ce saut dans le passé. Cette atmosphère participe à convoquer une véritable empathie du public pour ces super-héros brisés, chacun à sa manière. Ces machines de guerre ont finalement aussi un petit coeur qui bat. Leur côté "fucked-up", délicieusement humain, nous attendrit (enfin).


Coup de coeur spécial pour Ellen Page, qui interprète Vanya, toujours aussi bouleversante.


Une bande-son jubilatoire


Une des seules choses qui n'avait pas besoin d'être améliorée, c'est bien la bande-son ! Et je dois dire qu'elle a une fois encore été préparée aux petits oignons.



Portée pas des tubes musicaux mythiques, on s'éclate à suivre les aventures de la fratrie sur The Stranglers, DJ Shadow, Boney M, Aretha Franklyn et j'en passe. Il y a même deux morceaux phares à mon petit coeur, que j'écoute tout le temps : Peter Schilling (Major Tom) et Mel Tormé (Coming Home).


Passant de morceaux vintage, en harmonie avec l'époque pour une immersion totale, à des musiques plus contemporaines et/ou en total décalage avec les scènes, on s'éclate ! Super divertissante et ludique, leur bande-son mettra tout le monde d'accord.


Mention spéciale pour les scènes de combats sur Kiss (I Was Made for Loving You), Franck Sinatra (My Way), The Spencer David Group (I'm A Man), les Backstreet Boys (Everybody) ou Billy Idol (Dancing to Myself). Je n'aurais pas pensé que ça pouvait marcher pour certains de ces morceaux et pourtant ils ont osé ! Et ça passe crème !



Un bilan ultra-positif : vivement la suite !!!


Qui pouvait prédire que la saison 2 d'Umbrella Academy serait une petite pépite ? Certainement pas moi. De sa première saison insipide, il ne me restait plus grand chose en mémoire en dehors de quelques scènes d'action réussies, d'une atmosphère atypique et d'une identité visuelle pop et colorée. Plus un produit en somme qu'une oeuvre d'art...



Heureusement, les créateurs ont compris qu'un concept (aussi fort soit-il) ne suffit pas, et ont enfin donné l'épaisseur dont le scénario et ses personnages avaient besoin. On entre ainsi vraiment dans l'histoire et l'on (re)découvre des super-héros bien plus intéressants.


Même si l'arc narratif général de la saison reste similaire (les membres d'Umbrella Academy doivent empêcher une apocalypse), les épisodes ne se répètent pas grâce aux intrigues secondaires et aux enjeux personnels de nos protagonistes. De nouveaux personnages font également leur entrée dans le cercle de la team Umbrella et des clins d'oeil bien pensés viennent réveiller nos (maigres) souvenirs de la première saison.



Il faut aussi le reconnaitre : le tout est toujours réalisé avec beaucoup de goût et d'audace. Une jolie photographie par-ci, des mouvements de caméra ingénieux sur les scènes d'action par-là, mais aussi des effets spéciaux réussis offrent du spectaculaire à nos mirettes.


L'aspect Science-Fiction prend également plus d'ampleur et de sens, la plongée dans les sixties est délicieuse, et on apprécie davantage l'humour et le grain de folie général de la série. Un pari relevé et prometteur pour la suite ! Le cliffhanger de la scène finale n'a d'ailleurs pas finit de nous titiller et offre une belle promesse : il nous tarde d'en savoir plus !



 
 
 

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