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DARK : Une épopée fantasmagorique

  • Agathe
  • 16 juil. 2020
  • 6 min de lecture

Dark vient de tirer sa révérence avec une troisième saison fraîchement sortie sur Netflix. Cette fresque de science-fiction allemande fait partie de ces séries particulièrement difficiles à résumer en quelques mots, tant son contenu est riche et complexe.


Si vous êtes à la recherche d'une série pas prise de tête, passez votre chemin ! Dark est tout sauf du "easy watching". Pour apprécier ce petit chef d'oeuvre envoûtant, il faut être prêt à se creuser les méninges.


Je ne ferai pas durer le suspense : je l'ai tout bonnement adorée et dévorée. Dans un panorama sériel où foisonne une multitude de séries "faciles", légères et divertissantes, donner naissance à un projet aussi ambitieux inspire le respect.


Exigeante donc, mais aussi sensible, fascinante et métaphysique, Dark méritait bien son petit article ! Voici toutes les raisons pour lesquelles vous devez absolument la découvrir !



Une série venue d'Allemagne


Dark a été créée et produite par un pays rarement mis sur le devant de la scène des séries : l'Allemagne. En exagérant à peine, en dehors du Destin de Lisa sur TF1 et Deutschland 83 sur Canal +, les séries allemandes n'ont jamais été très présentes sur les ondes. Aujourd'hui, et notamment grâce aux nouvelles plateformes, le vent tourne !


Unorthodox et Nous, la Vague sur Netflix, Chernobyl (coproduit avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne) et Babylon Berlin sur Canal + : de nombreuses séries chaleureusement saluées par la critique ont réussi, pour notre plus grand bonheur, à traverser les frontières.


Avide de séries étrangères, je trouve toujours intéressant de s'immerger dans une autre culture, de baigner dans les sonorités d'une autre langue, et d'être transporté dans un autre cadre de vie que le nôtre !



Un retour vers le futur abyssal


Alors, de quoi ça parle ? Tout commence en 2019 à Winden, une petite ville perdue collée à une centrale nucléaire. Une nuit, un groupe d'ados part en escapade dans la forêt. Alors qu'ils discutent à l'entrée d'une grotte, un son étrange et tonitruant retentit, poussant la petite bande à prendre ses jambes à son cou. Dans l'affolement Mikkel, le plus jeune, disparait sans laisser de traces...


Présentée comme ça, on s'attend plus à une énième série policière dans les bois, mais il n'en est rien : Dark est bien une oeuvre de science-fiction pure et dure.


Cette grotte si mystérieuse et effrayante referme un secret sagement gardé depuis des décennies : celui de faire voyager dans le temps.



Dark n'est donc pas seulement une série de science-fiction ni un thriller haletant : c'est aussi une série d'époque ET d'anticipation ! A travers les costumes et les décors, les téléspectateurs se retrouvent eux aussi catapultés dans le temps.


Embarqués dans des boucles temporelles étrangement précises, les habitants de Winden peuvent retourner 33 ou 66 ans dans le passé et 33 ans dans le futur. 1953 - 1986 - 2019 - 2052 : j'espère que vous avez le coeur bien accroché...


Voyage dans le temps, boucles temporelles et apocalypse deviendront votre quotidien ! Peu importe en tout cas l'époque mise en scène : la photographie, comme souvent en science-fiction, est ultra travaillée. Pensée dans ses moindres détails, à la fois précise et grandiose, l'esthétique de cette série ne fait que servir le propos et arrive à créer un univers unique et ensorcelant, presque magnétique.



Une bande-son vibrante


Côté ambiance sonore, Dark a aussi mis le paquet pour transporter le spectateur dans une atmosphère inquiétante. Presque une expérience sensorielle en soi, la bande-son occupe une place à part entière dans la série, pour devenir un personnage invisible et omniprésent.


Le génie qui se cache derrière la bande-son originale, c'est Ben Frost. Grincements métalliques, crissements étranges... Il compose des nappes électroniques, allant du vrombissement silencieux à des montées stridentes, qui ne sont pas sans nous rappeler la création de Hans Zimmer pour Interstellar, basculant de l'infiniment grand à l'infiniment petit.


Côté séries, cela nous fait aussi penser à la musique originale de Devs et de la troisième saison de Twin Peaks. Sorte d'ovni expérimental dans son imperfection et ses dissonances, l'oeuvre de Ben Frost offre également des sonorités presque religieuses, sacrales.



Intense et anxiogène, mais terriblement addictive et efficace, on pourrait se croire dans une version dépoussiérée des Dents de la Mer !


Pour la musique non originale, Dark a mis le paquet sur les scènes se déroulant en 1986, et a fait honneur aux grands tubes des années 80 !

C'est avec plaisir qu'on entend retentir, au détour d'un poste radio ou d'un walkman, "Irgendwie, Irgendwo, Irgendwann" de Nena, "You Spin Me Round" de Dead Or Alive, "I Ran" de A Flock Of Seagulls ou encore "Shout" des Tears for Fears. On s'y croirait presque !


Enfin, on apprécie entendre encore et encore "Goodbye" d'Apparat dans le générique, ainsi que les petite touches ça et là d'Agnès Obel au fil des épisodes.



Un drame familial multi-générationnel


Au-delà de sa dimension SF, Dark est aussi un drame familial poignant. Centrée sur 4 familles - les Kahnwald, les Nielsen, les Tiedemann et les Doppler - cette série nous livre une fresque familiale dense et bouleversante. Secrets inavouables qui éclatent, révélations troublantes : aucun des personnages ne sortira indemne de cette épopée fantasmagorique.


Loin des clichés de la famille parfaite souvent dépeints dans les séries, Dark nous délivre toute la complexité du lien du sang et de l'héritage. Elle place le lien familial à sa juste place : à l'origine de tout. Au coeur de nos vies que l'on le veuille ou non, l'histoire familiale ponctue nos vies de joies et de peines, s'avérant être à la fois un soutien et/ou un fardeau.


L'amour aussi est une thématique centrale de la série. Représenté sous toutes ses formes, le téléspectateur est plongé tour à tour dans les premiers émois, les relations parents et enfants, les liens fraternels et les relations de couples.



Enfance, adolescence, vie d'adulte, vieillesse : chaque étape de la vie est représentée, parfois même simultanément ! Grâce au voyage dans le temps, Dark nous donne accès à l'impossible : voir la même personne vivre différents âges de sa vie, défiant ainsi toutes les lois naturelles et temporelles.


On nous apporte ainsi de multiples visions et expériences du lien familial, qui diffèrent en fonction de chaque individu et qui évoluent constamment au fil du temps. Les ados ne sont pas relégués au second plan au profit des parents, ni l'inverse !



C'est aussi ce qui fait la force de Dark : tous les personnages sont importants, peu importe leur âge. Elle n'est pas destinée à plaire ou à "parler" à un public limité : toute personne de (1)7 à 77 ans peut s'y identifier !


Développée dans une dimension ultra sensible, les personnages de la série semblent eux-mêmes constamment à fleur de peau. Il y a quelque chose de vibrant et d'absolu, sans limites et sans réserve dans les sujets qu'abordent Dark, et cela se transpose logiquement dans les personnages qui vivent les choses très intensément.


Une fable métaphysique déroutante


Dark c'est aussi un conte métaphysique, qui pousse le téléspectateur à l'introspection.


Elle questionne le concept du cycle éternel, génération après génération, du début et de la fin, de la vie et de la mort... Le temps donc : inarrêtable, inaltérable, incorruptible, même en étant équipé d'une machine à voyager dans le temps. Il est illusoire de croire qu'on pourrait gagner contre le temps ou se jouer de lui.



Dark pousse encore plus loin les concepts de la famille et du temps, et flirte ainsi avec le mysticisme. La source de la vie, le mythe d'Adam et Eve, la damnation : la dimension (ou non) divine est clairement questionnée, tout comme la lutte éternelle entre le bien et le mal. Car au fond, qu'est ce qui est bien et qu'est ce qui est mal ? Les notions de monstruosité et d'abomination, au sens biblique du terme, sont aussi présentes : infidélité, trahison, inceste, consanguinité, parricide, infanticide... Il y en a pour tous les goûts !


Si la série peut sembler à travers cette description sombre et pathos, il n'en est rien. Dans l'obscurité demeure toujours un point lumineux, un espoir constant. Le traitement de ces grands concepts est mené par une histoire d'une telle sensibilité (sans parler du suspense sacrément haletant) que l'ensemble s'avère étrangement onirique et poétique.



Et cette saison 3 dans tout ça ? (sans spoilers)


Il semblait compliqué pour une série aussi ambitieuse et alambiquée de trouver une bonne fin : le défi a été relevé avec brio, offrant toujours plus d'émotions et de finesse. Un sans faute ! Dark apporte certes au final presque plus de questions que de réponses, mais elle ne nous empêche pas pour autant de suivre, ou d'accepter de lâcher prise sur certains détails.


En bref : plongez dans l'aventure Dark ! Je vous promets que vous ne le regretterez pas !!!


Mon petit conseil de fin : regardez, si vous le pouvez, les trois saisons à la suite ! Après des mois de pause entre la saison 2 et la saison 3, j'ai biiiien peiné à retrouver mes marques, remettre le bon nom sur le bon visage (différent en fonction des âges en plus), et à me rappeler de la trajectoire personnelle de chaque personnage... Etant une série chorale, cela peut vite se transformer en joyeux bordel !



 
 
 

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