KILLING EVE : Un thriller explosif 100% féminin

Ce n'est plus un secret pour personne : la saison 3 tant attendue de Killing Eve vient de pointer le bout de son nez sur Canal + !

C'est donc l'occasion parfaite pour moi de vous parler de cette série pétillante et merveilleusement bien incarnée, qui a su donner un sacré coup de frais au thriller.

Acclamée par les critiques, Killing Eve compte en effet déjà 3 récompenses prestigieuses à son palmarès : deux Golden Globes et un Emmy Awards. Rien que ça !

Endiablée, jubilatoire, détonante, haletante et désopilante : cette série recèle d'innombrables qualités que je vous incite à découvrir au plus vite !

Une équipe artistique de choc

Si Killing Eve connait un si grand succès, c'est avant tout parce qu'elle est développée et incarnée par la crème de la crème.

Phoebe Waller Bridge, la créatrice brillante de Fleabag et plus récemment de Run, est en effet à l'origine de l'adaptation de cette série à l'écran.

En s'inspirant du roman Codename : Villanelle écrit par Luke Jennings, cette actrice, scénariste et réalisatrice nous prouve une fois de plus l'étendue de son talent en allant se frotter à un genre nouveau pour elle : le thriller d'espionnage. Pari réussi !

Du côté de la distribution, c'est tout aussi exaltant.

Après des années d'absence, on retrouve donc la talentueuse Sandra Oh, qui n'est autre que Christina Yang dans Grey's Anatomy. Inoubliable personnage de cette série médicale, elle était capable de nous faire passer du rire aux larmes en un claquement de doigts. Après la grosse production à l'américaine, on découvre donc avec un plaisir extatique une nouvelle Sandra Oh, cette fois-ci dans une oeuvre plus profonde et plus intime, où elle incarne Eve.

Sa co-star est la grande révélation de Killing Eve : et elle porte le nom de Jodie Comer. Découverte pour ma part dans un rôle secondaire dans Doctor Foster, elle a également fait une apparition succincte dans le dernier Star Wars (la classe quand même). Encore au début de sa carrière d'actrice, il est clair que sa performance exceptionnelle dans le rôle de Villanelle nous permettra de la voir plus souvent dans les années à venir...

(Moque toi de moi Villanelle !)

Les acteurs qui leur donnent la réplique sont, quant à eux, tout aussi éblouissants.

On retrouve en effet Fiona Shaw, grande habituée du petit et grand écran, qui restera pour moi la seule et unique Pétunia, l'horrible tante d'Harry Potter.

Son flegme typiquement British et sa facilité déconcertante à être détestable et froide à la fois sont toujours aussi délectables dans son incarnation de Carolyn, la patronne d'Eve.

Enfin, venu tout droit du Danemark, Kim Bodnia est mon petit chouchou... Vu dans la version originale (= danoise) de The Killing, je l'ai adoré dans Bron/Broen, une de mes séries scandinaves fétiches. C'est un véritable plaisir de le retrouver à présent dans le rôle de Konstantin, qui supervise Villanelle.

Un thriller joliment dépoussiéré par la gente féminine

Le pitch de départ de Killing Eve promettait déjà un vent nouveau dans le monde du thriller:

Cantonnée à un travail de bureau, l'agent du MI-5 Eve Polastri s'ennuie dans un quotidien ronronnant. Tout bascule lorsqu'on la charge d'enquêter sur la terrible et talentueuse Villanelle, une tueuse psychopathe. Prises dans un véritable jeu du chat et de la souris, les deux femmes vont peu à peu développer une obsession mutuelle l'une pour l'autre...

Que ce soit au cinéma ou dans le monde des séries, les rôles de détective, d'enquêteur, d'agent du renseignement, de serial-killer ou de tueur à gage ont, depuis toujours, été majoritairement confiés à des hommes.

Sherlock, Mindhunter, Dexter ou 24h Chrono en série, Zodiac, James Bond, American Psycho ou Usual Suspects au cinéma... La liste est longue.

L'originalité de Killing Eve réside justement dans son choix de changer les codes en confiant le duo au coeur de l'intrigue à deux femmes !

A l'heure du #MeToo, les grands héros ont donc été remplacés par de superbes héroïnes, et cela n'est pas pour nous déplaire !

Villanelle et Eve sont en effet représentées dans cette série comme de véritables forces de la nature : courageuses, très intelligentes, téméraires, ambitieuses, créatives, déterminées, charismatiques et aussi parfois très effrayantes.

Les femmes ont ainsi pris le pouvoir sur la gente masculine ; elles règnent en pièces maîtresses sur l'échiquier de Killing Eve. Les hommes, quant à eux, ont été relégués au second plan, pour devenir leurs pions, de vulgaires "James Bond Girl" : un mari à côté de la plaque, une jeune recrue naïve, un coach de kill, mais aussi les victimes des meurtres.

Ce changement du sexe fort dépoussière vigoureusement le genre du thriller et du film d'espionnage, et apporte ainsi à la série une nouvelle dimension et de nouveaux enjeux, qui sont aussi rafraichissants que passionnants pour les téléspectateurs.

Le jeu du chat et de la souris entre ces deux jeunes femmes est tout bonnement électrisant. Il nous offre ainsi à l'écran une tension incessante, une fascination troublante, un sex-appeal redoutable et vénéneux, une ultra-violence latente, ainsi qu'un grain de folie 100% féminin !

Killing Eve secoue donc par sa grande audace le genre du thriller qui, face à son éternelle efficacité, semblait ces dernières années peu prompt à oser se renouveler.

Un ingrédient secret judicieux : l'humour noir !

Humour noir, pince-sans-rire, ou tout bonnement cruel : Killing Eve n'en manque pas.

Et c'est ce qui fait tout son charme !

Si l'on déjà vu des films d'espionnage sous l'angle humoristique ou carrément parodique (on pense forcément à Austin Power, OSS 117, Mr and Mrs Smith, Kingsman ou encore L'interview qui Tue de Seth Rogen) je n'avais encore jamais vu l'humour noir associé de cette manière au thriller !

(Si, si, je te jure Villanelle !)

Et au-delà de ce mélange des genres particulièrement atypique, c'est surtout que ce phénomène a été poussé ici à l'extrême.

Killing Eve nous glace le sang autant qu'elle nous fait rire, nous tourmente autant qu'elle nous divertit. Il n'y a pas de séparation entre les séquences de suspense et les situations comiques ; les deux sont sans cesse entremêlées, nous poussant ainsi à rire de moments qui ne le sont d'ordinaire pas du tout.

Cette série nous rend spectateur de situations macabres et cruelles, où le rire ne devrait pas avoir sa place, et pourtant est inévitable grâce à une réalisation brillante.

Phoebe Waller Bridge, la créatrice de Killing Eve, a toujours été la pro de l'humour noir et grinçant. Elle ne sait que trop bien comment rendre les spectateurs mal à l'aise, tant les situations qu'elle invente sont gênantes.

Il n'y a donc que Phoebe Waller Bridge qui pouvait être capable de relever un tel défi : celui de mêler aussi intelligemment la comédie noire (si chère à son coeur) au thriller.

Mais plus que de simples spectateurs, Killing Eve nous rend presque complices de ces situations, de cette cruauté sans limite, car notre rire résonne comme l'approbation d'une bienséance inexistante.

Et le personnage le plus impertinent, barbare, mal élevé, insolent et effronté est la meurtrière qui se cache derrière le mystérieux nom de code : Villanelle.

Comme elle n'a aucune limite dans ce qu'elle est et ce qu'elle fait, Villanelle est très souvent à l'origine des moments les plus horriblement drôles.

Villanelle : un personnage dangereusement fascinant

Villanelle est pour moi LE personnage central de cette série.

Derrière ce nom de code se cache une tueuse à gage talentueuse, employée par une société secrète dangereuse, et que le MI-5 aimerait beaucoup démanteler.

Entraînée toute sa vie à tuer, Villanelle est une machine ultra performante et hautement inventive. Elle ne tue jamais deux fois de la même manière et n'hésite pas à user de déguisements en tout genre pour mieux pouvoir accéder à la personne à abattre.

Une véritable âme d'artiste ! Les scénarios malins de cette tueuse aux mille visages lui permettent ainsi d'échapper aux regards, et de s'en sortir sans laisser de traces.

Villanelle est aussi accro au luxe. Contre ses bons services, elle exige toujours ce qu'il y a de mieux : des appartements de haut standing, voyages en première classe, et surtout une garde-robe hors de prix. Totalement fan de mode et de belles robes, notre tueuse est étonnamment très matérialiste et fastueuse dans son mode de vie.

Villanelle est avant tout une grande psychopathe, dénuée de remord ou d'empathie envers autrui. Elle prend en effet beaucoup de plaisir à tuer, et adore regarder ses victimes mourir pour voir la flamme de vie s'évanouir peu à peu de leurs yeux.

Elle ne maîtrise pas les codes d'une vie en société. Elle observe donc beaucoup ceux qui l'entourent pour apprendre à imiter leurs expressions ou incarner leurs émotions qu'elle ne comprend pas. C'est à travers un travail de mimétisme qu'elle simule un sourire, un rire, un regard séducteur ou effrayé. C'est une coquille vide, prête à incarner son prochain rôle.

Mais l'apparition soudaine d'Eve sur son chemin va attiser la curiosité de notre tueuse, qui se surprendra à ressentir des émotions jusqu'alors inconnues...

Même si l'on a conscience que c'est une psychopathe ultra dangereuse, qui manipule tout le monde pour arriver à ses fins et qui se moque ouvertement de tout, on ne peut pas s'empêcher d'être totalement fascinée par elle.

Eve : un personnage ambigu

Eve est également un personnage très intéressant car elle est difficile à cerner.

Chargée de localiser et d'arrêter Villanelle, Eve était loin de se douter que ce petit brin de femme machiavélique allait autant bouleverser sa vie.

Cette mission professionnelle stimulante, loin de son ennui habituel, va en effet peu à peu tourner à l'obsession et devenir sa principale raison de vivre.

Elle va totalement délaisser sa vie privée pour se concentrer uniquement sur son enquête et la traque de cette tueuse invisible.

Mais dans cette course-poursuite haletante, on ne sait jamais vraiment comment Eve se positionne vis à vis de Villanelle.

Elle va en effet très vite nourrir un rapport étrange avec elle. D'abord curieuse de comprendre qui elle est et comment elle pense, pour mieux lui mettre la main dessus, Eve va surtout commencer à nourrir une fascination sans limite pour la jeune femme.

Profondément admirative de ses assassinats savamment pensés, on ne sait plus très bien si Eve veut l'arrêter pour l'empêcher de nuire ou tout simplement pour avoir la chance de la rencontrer...

Dans tous les cas, sa traque ne restera pas secrète très longtemps...

Et celle qu'on croyait être la chasseuse va très vite devenir la proie d'un petit jeu dangereux, car elle aura suscité l'intérêt du grand méchant loup en personne...

Début de saison 3 : mon verdict

La diffusion de la saison 3 de Killing Eve a donc commencé ! A la différence de Netflix, il faudra néanmoins prendre son mal en patience pour découvrir un seul épisode à la fois.

Et qui dit nouvelle saison, dit nouveaux enjeux : les deux premiers épisodes sont pour le moment assez timides, mais prometteurs. Ils prennent en effet leur temps pour installer le cadre du prochain bras de fer qui se jouera entre Villanelle et Eve.

Mais ce que l'on peut déjà apprécier, c'est l'arrivée de nouveaux personnages, joués par des actrices plutôt chouettes !

Harriet Walter - vue entres autres dans Raisons et Sentiments et A Royal Affair côté cinéma et dans Downton Abbey et The Crown du côté des séries - va donc interpréter Dasha, une tueuse russe à la retraite. Après une grande carrière au sein de leur firme secrète, elle se consacre désormais au coaching de la nouvelle génération d'assassins.

Gemma Whelan est également de la partie. Anciennement Yara Greyjoy dans Game of Thrones, elle incarne à présent Géraldine, la fille de Carolyn.

Avec ces nouveaux talents à bord, je pense que cette troisième saison nous réserve une nouvelle fois de belles surprises !

Car c'est ce qui définit cette série : elle se situe toujours là où on ne l'attend pas, pour mieux nous surprendre. Osée, décapante, politiquement incorrecte, jouissive, provocante, elle offre un suspense haletant et un humour décapant qui font voler en éclats les barrières entre les genres et renouvelle ainsi le monde des séries !

Alors c'est parti, faites comme Eve, sortez le pop-corn et plongez-vous dans Killing Eve !