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SHERLOCK : Un sociopathe qui défit vos méninges !

  • Agathe
  • 3 avr. 2020
  • 9 min de lecture

Quelle petite pépite !

Terminée il y a quelques heures seulement sur Netflix, me voilà déjà sur mon clavier.

Et dire qu'elle a commencé il y a 10 ans, et que je ne la regarde que maintenant...


Quand une série est aussi réussie et addictive, il est particulièrement difficile de la quitter. Alors le meilleur moyen de faire durer le plaisir est d'écrire cet article pour vous encourager à la découvrir à votre tour !



Une adaptation contemporaine culottée


Sherlock est une adaptation libre et moderne des aventures des célèbres Sherlock Holmes et Docteur Watson, inventés par Conan Doyle.


Adieu le XIXème siècle, les chapeaux hauts de forme et les fiacres !

Bienvenue au duo légendaire 2.0, installés confortablement en coloc' au 221B Baker Street, et qui arpentent de nos jours les rues de Londres en quête de mystères à résoudre.


La BBC a eu l'audace de proposer, de 2010 à 2017, une interprétation forte d'une oeuvre phare de la littérature britannique, mais sans pour autant la dénaturer.


Même si nous découvrons dans le Londres d'aujourd'hui un Docteur Watson traumatisé de la guerre en Afghanistan et un Sherlock qui résout des enquêtes pour mieux se distraire de son addiction aux drogues dures, ils ont réussi à retranscrire l'esprit originel de son créateur.



Sherlock Holmes, malgré l'époque contemporaine, a conservé le véritable attirail du dandy. Toujours habillé élégamment tout en arborant une attitude désinvolte, il revêt régulièrement son célèbre trench-coat et le deerstalker (son iconique chapeau en tweed).

Son accent pompeux et le choix de son verbe retranscrivent également bien tout le package de son personnage, tel qu'il a été imaginé par son auteur. Il ne manque que la pipe !


C'est un peu comme si le Sherlock originel avait fait un voyage dans le temps, pour se retrouver catapulté un siècle plus tard, dans un nouveau Londres. Le caractère profond de notre détective, qui dit lui-même être un sociopathe, participe à cette impression qu'il n'est pas fait pour communiquer ou simplement vivre à notre temps.


Un épisode "spécial", qui rend un magnifique hommage à Conan Doyle, a d'ailleurs été réalisé. En effet, ce dernier se passe dans une réalité alternative en 1895, et nous fait découvrir pour la première fois leur version de Sherlock Holmes à l'époque victorienne.



Outre les costumes et le jeu d'acteur, les décors et la photographie de leur tanière du 221B Baker Street, participent à ce savant mélange des époques.


C'est en effet de leur QG qu'émane particulièrement une atmosphère hautement british, ancienne et amplie d'une inquiétante étrangeté. On pourrait presque sentir la moiteur des volutes de vapeur qui émane du thé, l'odeur des livres anciens et la poussière qui s'accumule sur les étagères.


Et ce malgré le tag d'un smiley jaune sur une tapisserie rococo décrépite, leurs téléphones portables qui sonnent et les rues de Londres qui grouillent de taxis derrière leur fenêtre.



En revanche, ce qui ne semble clairement pas venir du temps jadis, c'est bien la réalisation de cette série. Même si elle est inégale - la première saison n'est clairement pas la plus "belle" ou travaillée, puisqu'elle semble déjà datée - les suivantes en revanche nous subjuguent de prouesses techniques et d'effets visuels forts que je n'avais jamais vu auparavant dans une série.


Des arrêts sur image de certains éléments pendant que d'autres sont en mouvement, des ralentis stylés, des changements de décor au détour d'un objet : on est bluffé et on prend beaucoup de plaisir à l'être. Ce sont des moments de pur spectacle.



Cela n'est pas sans me rappeler, étrangement, les scènes mythiques de Quicksilver dans X-Men : Days of Future Past et dans X Men : Apocalypse.


Quand ce jeune mutant, qui a la capacité de se déplacer plus vite que la vitesse de la lumière, se retrouve à devoir sortir ses amis du pétrin, les scènes qui en découlent sont tout aussi jubilatoires que dans Sherlock.


Un tout autre contexte je vous l'accorde, mais il y a vraiment quelque chose de similaire !



Le tout forme ainsi un équilibre parfait et un résultat aussi culotté que brillant.


Des personnages complexes et attachants


Sherlock Holmes est bien des choses. Par où commencer ?

Il est donc, comme vous vous en doutiez, un détective privé, qui épaule à la fois la police de Londres sur ses affaires retorses et les particuliers qui viennent le solliciter pour des affaires personnelles (encore faut-il que Sherlock les trouvent intéressantes, sinon il vous met à la porte sans ménagement).


De nature solitaire, il se voue corps et âme à la recherche et à la résolution d'enquêtes pour mieux se divertir de son addiction. Inadapté au monde qui l'entoure, du fait de sa sociopathie et de ses capacités exceptionnelles, Sherlock s'est plongé dans la drogue pour mieux tromper l'ennui mortel auquel il est confronté chaque jour.

Indélicat, vexant et prétentieux lors de ses échanges avec d'autres humains, Sherlock est difficilement capable de créer du lien ou de se faire des amis. Sa sociopathie l'isole et l'empêche de faire preuve de la bienséance minimum nécessaire en société.


Mais Sherlock est surtout fascinant. Ses capacités et sa vitesse d'analyse sont tout bonnement surhumaines. On se délecte de le voir à l'oeuvre et lire comme dans un livre ouvert toute personne qu'il rencontre, en deux temps trois mouvements.


La série, tournant majoritairement autour de lui, nous permet à travers ses choix de réalisation de découvrir le monde avec ses yeux. Zoom sur des détails, pause sur d'autres, les mots ou questions qui lui passent par la tête sautent aussi à l'écran, si bien qu'on se retrouve presque parfois dans un jeu de réalité virtuelle, dans sa peau.



Et avoir accès à son palais mental, comme il aime l'appeler lui-même, est assez fou. Cette technique, réelle puisqu'elle existe depuis des millénaires, permet à Holmes de se rappeler d'innombrables détails et connaissances divers à la demande, en les stockant dans des endroits précis de son esprit, auxquels il accède via une architecture imaginaire.


Sherlock c'est aussi un personnage touchant. Véritable handicapé des sentiments, on ne sait pas s'il est réellement inapte à aimer et le communiquer ou s'il ne s'impose pas plutôt cette ligne de conduite afin de se protéger de toute souffrance ou déception.


Même si la série s'appelle Sherlock, le détective partage la vedette avec Docteur Watson et une belle panoplie de personnages secondaires récurrents.


John Watson, ancien soldat-médecin, est encore très traumatisé par la guerre en Afghanistan lorsqu'il emménage au 221B Baker Street. S'il comptait trouver du réconfort et de l'apaisement aux côtés de Sherlock, il est mal tombé ! A peine a-t-il déposé ses valises qu'il se retrouve embarqué sur des enquêtes aux côtés de son colocataire, et doit faire face à de multiples dangers.


Malgré son apparence d'homme hanté par les horreurs de son passé, Sherlock a bien su percer en lui un paradoxal besoin d'action et d'adrénaline.

Méfiez-vous de l'eau qui dort, donc, car sous ses airs fragiles, Docteur Watson peut en fait s'avérer être le partenaire idéal dans une situation de crise.



Mais ses véritables qualités restent sa sensibilité, sa fidélité et sa tolérance. Et il lui fallait au moins tout ça pour supporter Sherlock Holmes et devenir son meilleur ami (le seul en fait).

Impassible face aux remarques désobligeantes (in)volontaires de son acolyte, et bien que dépourvu de son super-pouvoir d'analyse, John reste néanmoins capable de percevoir ce qui échappe à son coéquipier.


Plus encore, il est finalement la muse du célèbre détective. Sa simple présence silencieuse, ou quelques échanges brefs peuvent parfois apporter à Sherlock la clé de l'énigme qu'il tentait si ardemment de trouver seul.


John Watson, c'est donc aussi l'homme de l'ombre ; Le prince Philip de la Queen Elisabeth. Celui qui marche toujours dans les pas de Sherlock, qui rédige le blog de leurs aventures que tout le monde considère écrit par Sherlock lui-même. Mais il s'en contrefiche. Il n'est pas vaniteux ni en recherche de reconnaissance ou de popularité. Il est juste toujours là où l'on a besoin de lui ; ou plus précisément il est toujours là pour aider Sherlock.



Mycroft, quant à lui, est un personnage ambivalent.

Perçu dans les premiers instants comme un ennemi potentiel de Sherlock par les spectateurs, on découvre en fait rapidement que c'est aussi un Holmes : son frère aîné. Il travaille à un très haut poste (peut-être le plus haut existant) au sein du gouvernement britannique, bien que l'on ne sache pas précisément ni son titre ni son rôle exact.


Il possède de nombreux traits de caractère communs avec son "Brother Dear", comme il aime si bien le surnommer.

Lui aussi a hérité de capacités intellectuelles et d'analyses incroyables, plaçant ce don au centre d'une discrète mais éternelle compétition entre Sherlock et lui.


Comme Sherlock, il semble imbu de sa personne, incapable d'éprouver la moindre émotion, ni de ressentir aucune forme d'amour pour quiconque. Mais sous ses airs prétentieux et derrière ses jugements et remontrances réguliers à l'égard de Sherlock, Mycroft se soucie en fait beaucoup plus de son frère qu'il n'aimerait le faire paraître.



Mycroft sait tout des addictions de son frère, et tente depuis des années, de manière discrète, à distance ou par personne interposée, de veiller à ce qu'il ne rechute pas. Même si tout sentimentalisme le débecte, il serait prêt à tout pour protéger son petit frère du danger.


Extrêmement pudique donc, Mycroft est aussi très coincé, lui donnant un air parfois très enfantin, très naïf, alors qu'il est pourtant à la tête du renseignement du pays...


C'est pour moi un personnage particulièrement attachant.



Mme Hudson, quant à elle, est la propriétaire de leur appartement qui vit au rez-de-chaussée. Elle est tout le temps fourrée chez eux, à leur servir du thé.

Il y a aussi Molly Hooper, qui travaille comme médecin légiste dans une morgue. Elle est timide, solitaire, et un peu mordue du détective..

Le Lieutenant Lestrade fait partie de la police londonienne et fait régulièrement appel à Sherlock pour l'aider à résoudre ses enquêtes.

Et il y a aussi Mary, mais motus et bouche cousue pour vous laisser la surprise :)


Enfin, la présentation des personnages ne serait pas entière si l'on abordait pas la question des méchants. Et Jim Moriarty est vraiment pas mal dans son genre.


Je ne dirai pas grand chose sur lui, car je ne veux pas vous gâcher le plaisir de sa rencontre, mais je peux vous assurer que j'en ai vu des méchants, et que celui-ci est unique en son genre. Il étonne au premier abord car, sous ses airs angéliques, il ne semble pas avoir le profil type du bad guy machiavélique, et pourtant... Au fur et à mesure des épisodes, on découvre son vrai visage et on a paradoxalement envie de le revoir à nouveau très vite !



Sherlock : un challenge pour les méninges du spectateur


Sherlock donne vraiment du fil à retordre au spectateur, quand celui-ci est passionné d'enquêtes policières comme je le suis.

En effet, dès que je regarde une série avec une énigme à résoudre, je ne peux pas m'empêcher, en même temps que l'enquêteur, de me creuser les méninges afin de trouver le coupable (ou la solution) avant qu'il nous la donne.


A force d'en voir, il est vrai que mon esprit s'est habitué aux ficelles narratives des séries policières, si bien que je suis de moins en moins "surprise" du dénouement : je vois souvent les twists arriver et c'est parfois frustrant.


Mais avec Sherlock c'est une toute autre histoire. Sur toutes les enquêtes ou mystères sur lesquels il travaille, je n'ai pu en résoudre que deux avant qu'il nous livre la réponse !

Car ce n'est pas juste un talentueux détective, c'est un génie capable de percevoir ce que personne d'autre ne peut.


Lorsqu'il rencontre le Docteur Watson au premier épisode, il est capable de deviner en quelques coups d'oeil qu'il revient d'Afghanistan où il était médecin militaire, qu'il a un membre de sa fratrie qui s'inquiète pour lui mais que Watson ignore car il n'approuve pas son alcoolisme, et que sa psy a raison quand elle dit que son boitement est uniquement psychosomatique et qu'il n'a en réalité pas besoin de sa canne. Et tout ça juste en le regardant quelques secondes. (Voilà, voilà)


On aura beau avoir vu toutes les séries policières du monde, jamais on ne pourra posséder les capacités de déduction et d'analyse de Sherlock Holmes !



Le dernier petit plus : une série éclair et addictive


Enfin, le dernier point positif de cette série (même si on vient à le regretter à la fin), c'est qu'elle est courte ! Si vous vous lancez dans Sherlock, sachez que vous ne vous embarquez pas pour des mois et des mois de binge-watching comme vous le feriez avec The Walking Dead, Grey's Anatomy ou les interminables Feux de l'Amour.


En effet, Sherlock est développée en 4 saisons seulement, et chaque saison ne comporte que 3 épisodes d'une heure et demie. Ils ont parallèlement développé deux épisodes spéciaux pour Noël et le Nouvel An, mais vous en conviendrez : une série de 14 épisodes, c'est extrêmement rare.


Ainsi, vous pouvez foncer sans crainte : avec le confinement, vous l'aurez terminée en un rien de temps ! Le pire dans tout ça, c'est que lorsqu'elle s'achève, on en vient à vraiment regretter qu'elle n'ait pas de saisons supplémentaires tant on en devient addict.


Mais ce qui est drôle avec Sherlock, c'est que l'effet addictif n'advient pas tout de suite. Comme pour The Office par exemple, il faut attendre quelques épisodes pour réellement entrer dans l'univers (ou dans l'humour) proposé.


Les trois épisodes de la première saison de Sherlock ne sont, pour moi, pas les meilleurs. J'ai décidé de poursuivre parce que c'était une série courte, et que je voulais voir comment elle évoluerait. Et j'ai eu raison de m'accrocher, car ensuite ce n'est qu'une montée progressive (mais intense) en mystère et en qualité de réalisation, où chaque personnage devient un peu plus complexe et touchant, à mesure qu'on arrive à percer leurs carapaces.


J'ai quitté à regret de cette série, en éprouvant une profonde tendresse pour Sherlock et ses acolytes, et après en avoir pris pleins les mirettes au cours de leurs folles aventures.

Alors allez-y, Sherlock n'attend plus que vous ! A très bientôt !

(Disponible sur Netflix)



 
 
 

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