UNE NOUNOU D'ENFER : un retour en enfance
- Agathe
- 7 avr. 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr. 2020
Qui dit confinement dit occupation en tout genre.
Certains en profitent pour découvrir de nouvelles séries. Mais il y en a d'autres qui retombent dans les petits plaisirs d'antan...

Je l'avoue, un matin, la zapette à la main, j'ai découvert que TFX rediffusait Une Nounou d'Enfer. Et je n'ai pas pu résister à regarder quelques minutes... Qui se sont transformées en quelques épisodes... Tant et si bien que je me retrouve, 20 ans après, à nouveau mordue des aventures de Fran Fine !
Alors même si ce n'est pas la meilleure série au monde, je vous le concède, cette sitcom est une de mes Madeleines de Proust, et mérite bien à cet égard son petit hommage.

Une sitcom qui embrasse la mixité culturelle et sociale
Tout juste larguée et licenciée, Fran Fine se retrouve à faire du porte à porte pour vendre des cosmétiques. Alors qu'elle atterrit dans les beaux quartiers de Manhattan, elle sonne à la porte de Maxwell Shefield, grand producteur de théâtre, désespérément à la recherche d'une nounou pour s'occuper de ses enfants...
Deux mondes qui n'étaient pas destinés à se rencontrer - celui d'une jeune femme juive extravagante, issue d'une famille modeste du Queens et d'une riche famille bourgeoise d'origine anglaise - se rencontrent et vont devoir apprendre à vivre sous le même toit.
Et c'est explosif ! Car si Fran Fine est bien des choses (bavarde, curieuse, passionnée de mode, de potins, spontanée, sans gêne, naïve), c'est surtout une vraie tornade de vie qui va dépoussiérer cette maison et secouer ses habitants trop longtemps restés figés dans le deuil

C'est donc une histoire vieille comme le monde : celle de la différence sociale et culturelle. Souvent dépeinte de manière dramatique, sa force ici est de l'aborder avec humour. Et ça, Fran Fine n'en manque pas, puisque c'est son meilleur atout pour redonner le sourire aux enfants et de se sortir régulièrement du pétrin auprès de leur père Maxwell.
Si cette série nous parle d'amour, d'amitié, de famille, elle nous montre surtout les bienfaits de Fran chez les Sheffield : des enfants heureux qui grandissent auprès d'une femme venant combler l'absence d'amour maternel, qui n'a pas peur de parler des sujets importants, qui les poussent à s'affirmer. Et un père qui apprend à se décoincer, à retrouver goût à la vie, à lâcher du lest à ses enfants tout en étant plus présent pour eux.
A l'inverse, Fran découvre un monde auquel elle n'aurait jamais pu avoir accès sans Maxwell, plus raffiné et cultivé sans doute que ses soirées devant La Roue de la Fortune chez ses parents, sur le canapé protégé 24h sur 24 par une housse en plastique. Son quotidien dans la maison de Maxwell la plonge dans le monde du théâtre, du show-business et lui permettra de rencontrer ses stars préférées.

(Si si Fran, je te jure, tu vas la voir ta Barbara Streisand !!)
Une Nounou d'Enfer a même une dimension autobiographique.
En effet, créée, réalisée et produite par Fran Fine elle-même, cette dernière s'est beaucoup appuyée sur sa propre vie et ses origines pour inventer cette sitcom.
Fran Drescher (de son vrai nom) est aussi née dans le Queens et est issue d'une famille juive ashkénaze d'origine roumaine et polonaise.
Ses vrais parents s'appellent également Marty et Sylvia. Son propre père va faire une apparition dans un épisode, interprétant son oncle Stanley et le petit chien Châtaigne, qui est le chien de Sisi dans la série, est en réalité le sien dans la vraie vie.
Elle s'inspire donc beaucoup de sa vie pour nourrir Une Nounou d'Enfer !
Dans un épisode d'hier, ils ont même glissé en parlant de Fran : "Un jour je suis sûre qu'elle aura même sa propre sitcom !". Ils jouent donc beaucoup là-dessus.
Des personnages mythiques
Une des plus grandes forces de cette série des années 90, ce sont ses personnages hauts en couleur. Ils ont tous un petit quelque chose, qui les rend touchants et drôles à la fois.
Et surtout ils ont tous leur humour bien à eux, qui mènent souvent à des running-gag que l'on retrouve épisode après épisode, fidélisant d'autant plus les téléspectateurs en attente de la prochaine vanne, du prochain quiproquo ou du prochain commentaire vache.
Il y a, pour commencer, la famille de Fran. Et on peut dire qu'elle a de qui tenir !

Sa mère Sylvia et sa grand-mère Yetta sont des personnages récurrents de la série, et les seules représentantes de sa graaaaande famille. Car elle a beau nous parler de son grand oncle du 3ème degré du côté de sa mère ou du cousin Jean-Claude, les hommes sont finalement invisibles à l'écran. Même le personnage de son père, très souvent cité, n'est jamais présent à l'image. Seule la moumoute qui cache sa supposée calvitie traîne régulièrement dans le salon : l'unique vestige de la figure paternelle des Fine !

Sa mère est aussi drôle qu'elle est insupportable. Son plus grand rêve est de marier sa fille avec un bon parti, de préférence un docteur ou un avocat plein aux as.
Elle passe son temps à manger tout ce qui lui tombe sous la main (au grand malheur de Niles qui voit ses petits plats se dilapider en deux temps trois mouvements).
Elle a souvent des problèmes de palpitation - bizarrement quand sa fille ne lui annonce pas ce qu'elle voudrait entendre - et accuse souvent Fran d'ailleurs de vouloir sa mort !

Grand-mère Yetta, elle, perd tout bonnement la boule ! Cette dame âgée a des petits problèmes de mémoire et confond très souvent les gens.
Mais c'est peut-être aussi parce qu'elle est myope comme une taupe, au point où elle pourrait passer des heures à caresser un pull-over, pensant que c'est un petit chien.
Mais même si cette mamie vit dans sa bulle, elle ne perd pas le nord quand il est question de la gente masculine, et sa vie amoureuse ne pourrait pas mieux se porter :)

Grace, la petite soeur de Maggie et Brighton, est aussi bien étrange... Suivie par un psy depuis des années, elle parle et pense comme une grande personne dépressive, névrosée et désabusée par le monde qui l'entoure.
Capable de faire des crises d'angoisse à cause de la fonte de la calotte glacière, ou de pleurer la mort de son amie imaginaire (Fran l'a malencontreusement avalée alors qu'elle était assise sur son biscuit), elle est unique en son genre.

CC Babcock est l'assistante de Maxwell, et depuis toujours éperdument amoureuse de lui. Elle est prête à tout pour le faire succomber (et éviter qu'il puisse se rapprocher de la nounou). Harpie sévère et froide comme la glace, elle a bien dû mal à le charmer... Et comme elle déteste par dessus tout les enfants, ce n'est vraiment pas gagné avec les trois chérubins de Maxwell, qui ont vu clair dans son jeu et préféreraient mourir que de l'avoir comme belle-mère ! Mais la personne qui semble la mépriser au plus haut point, c'est Niles !

Niles est depuis toujours le majordome de la maison des Sheffield. Très apprécié de Maxwell et de ses enfants, il a été formé dans une école réputée de maitre d'hôtel en Angleterre. Mais en vérité, il est bien plus déluré que sa profession ne le laisse paraitre !

Même s'il fait très bien son travail, Niles est souvent insolent avec Maxwell et se permet de remettre à leur place les habitants de la maisonnée. Il arbore une éternelle nonchalance et saisit toute occasion pour se moquer ironiquement de ces derniers. Il est également passé expert pour se mêler de ce qui ne le regarde pas et écouter aux portes avec Fran. Mais la cible préférée de ses boutades, c'est bien CC Babcock :


Mais ne vous inquiétez pas, CC le lui rend bien ! Les deux sont comme chien et chat, et se balancent des atrocités épisode après épisode, et ce pour notre plus grand plaisir !

(C'est clairement un de mes personnages préférés...)
Enfin Fran ne manque pas d'occasions de nous faire rire ! Tantôt par une sortie bien placée, tantôt par son côté nunuche, elle est toujours pleines de ressources et de surprises. Elle est la reine pour créer des quiproquos en comprenant de travers ce qu'on lui dit, et pour créer des catastrophes en tout genre. Ses anecdotes familiales inépuisables, ses curages de dents en pleine soirée mondaine en fatiguent plus d'un, mais pas nous ! Enfin, sa voix de canard et son rire abominable sont inimitables.

(Ne pleure pas Fran, on l'aime ta voix de poissonnière...)
Une seconde lecture avec l'âge
Enfin, ce qui me plait dans le fait de redécouvrir chaque matin Une Nounou d'Enfer, c'est que j'accède à un autre niveau de lecture de cette série.
Okayyyyyyy ce n'est ni une série profonde ni une série psychologique !
Cependant, je redécouvre ces épisodes avec une nouvelle compréhension des blagues ou des références faites par les personnages (enfant je ne saisissais clairement pas tout).
Ensuite, j'aime beaucoup comment est mis en scène le rapprochement entre Fran et Maxwell. Petit à petit, et par des petits détails - un regard, un sous-entendu, une réaction jalouse, un baiser volé dans une explosion de joie - on voit ces personnages se lier et créer une vraie complicité...
Enfin, l'attitude de Miss Fine, même si elle est souvent provocante et indélicate, est pour autant toujours très respectueuse quand il est question de la mort de la mère des enfants et du deuil de toute la famille.
Elle est là pour parler avec les enfants de leur maman, quand Maxwell évite totalement le sujet. Elle est là pour aider Grace à grandir moins angoissée et déprimée. Elle est là pour conseiller Maggie, la plus grande, dans sa découverte des garçons et de l'amour, comme une mère le ferait avec sa fille. Elle encourage Maxwell à ne pas garder le sujet tabou et permettra qu'ils se réunissent tous ensemble autour de vidéos de famille. Elle accepte de participer avec Grace à un concours de beauté mère-fille pour lui faire plaisir.
Elle a une influence positive sur les Sheffield, et cela mène à quelques scènes émouvantes.
Alors voilà, même si ce n'est ni une nouveauté ni une oeuvre inoubliable, ça reste une des premières séries que j'ai découverte petite (avec La Petite Maison dans la Prairie, Docteur Quinn Femme Médecin et Notre Belle Famille) et qui a participé à développer la vraie passion que j'ai aujourd'hui pour ces oeuvres du petit écran.
Pour cela, Une Nounou d'Enfer gardera toujours ce petit je-ne-sais-quoi pour moi...

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