WHY WOMEN KILL : la vengeance pop des housewives !
- Agathe
- 5 avr. 2020
- 7 min de lecture
Marc Cherry a encore frappé !
Après plusieurs années d'absence, le créateur de Desperate Housewives et Devious Maids nous propose une nouvelle série centrée sur la gente féminine.
Le pitch est simple : Trois femmes, à trois époques différentes, vivent dans la même maison et doivent faire face à l'infidélité de leur mari, qui se soldera par un meurtre... Prometteur !
Alors, Why Women Kill est-elle un coup de maître ou une pâle version de Desperate Housewives ? Après visionnage des trois épisodes sortis sur M6, je vous livre mes premières impressions.

Des héroïnes incarnées par de superbes actrices
Tout d'abord, Why Women Kill n'a pas fait dans la demie-mesure pour son casting. En effet, les héroïnes de cette nouvelle série sont interprétées par trois grandes comédiennes habituées du petit et grand écran : Ginnifer Goodwin, Lucy Liu et Kirby Howell-Baptiste.
Ginnifer Goodwin, c'est ce visage angélique que vous avez pu découvrir dans Le Sourire de Mona Lisa (aux côtés de Julia Roberts, Kirsten Dunst et Maggie Gyllenhaal), Ce que pensent les Hommes (aux côtés de Drew Barrymore, Jennifer Aniston et Scarlett Johansson) ou encore dans la série "contes de fée" Once Upon a Time.
Très souvent choisie pour interpréter des rôles de femme douce, gentille, sensible, malchanceuse en amour ou qui manque de confiance en elle, Ginnifer Goodwin était donc la comédienne idéale pour incarner le personnage de Beth.

Beth Ann Stanton emménage dans un nouveau quartier, avec son mari Rob, en 1963.
Elle est totalement soumise à ce dernier et s'occupe, en bonne femme au foyer, de toute l'intendance de la maison. Pour Beth, tout cela est normal et fait d'elle une épouse parfaite. Mais voilà, cela ne suffit apparemment pas à combler son mari puisque sa voisine lui apprend que Rob la trompe avec une serveuse, du nom d'April.
D'abord bouleversée par cette nouvelle, Beth décide très vite de prendre le taureau par les cornes et de se lier d'amitié avec April pour en apprendre plus sur la relation qu'elle entretient avec son mari...
Lucy Liu, quant à elle, c'est l'experte du katana dans Kill Bill, une drôle de dame dans Charlie's Angels, mais aussi un des personnages iconiques de la série Ally Mc Beal.
Allant du western spaguetti sanglant à la comédie "pouet-pouet", c'est un véritable caméléon, capable de s'adapter à tout type de rôle. Mais Lucy Liu sait surtout comment nous faire rire : elle était donc toute destinée à interpréter l'extravagante Simone !

En 1984, Simone Grove, une mondaine fabuleuse, organise une nouvelle soirée époustouflante dans sa maison, qu'elle partage avec son troisième mari Karl. Au cours des festivités, elle trouve une enveloppe qui contient une photo compromettante de son mari en train d'embrasser un autre homme : Karl se sert donc d'elle pour cacher à tous son homosexualité. Trahie, Simone tente de divorcer, mais Karl sait lui agiter les bons arguments pour retarder la chose. Parallèlement, elle reçoit des avances de Tommy, le fils d'une amie...
Enfin, Kirby Howell-Baptiste a fait son apparition il y a quelques années seulement sur petit écran mais sait déjà en imposer, que ce soit dans Killing Eve ou The Good Place.
Un jour assistante au MI-5, le lendemain chercheuse scientifique à l'université, peu importe son personnage et son métier, elle ne mâche pas ses mots ! On lui confie des rôles de self made woman, de femme forte, indépendante et impliquée dans son travail.
Et tout cela résume assez bien les traits de caractère de son nouveau défi : Taylor.

En 2019, Taylor Harding est une femme épanouie et qui s'assume complètement. Féministe engagée au caractère bien trempé, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et mène sa carrière d'avocate avec brio. Elle est mariée à Eli Cohen, un scénariste en panne d'inspiration. La particularité du couple de Taylor et Eli est qu'ils sont en relation libre. Néanmoins, un soir, Taylor brise l'une des règles sacrées : elle demande à Eli la permission d'héberger chez eux quelques nuits sa maitresse, Jade. Eli commence alors peu à peu à être attiré par Jade, ce qui pourrait totalement faire basculer la dynamique de leur mariage...
Mais comment passe-t-on de ces trois situations amoureuses, certes bancales, à trois meurtres ? Qui seront les assassins et qui seront leurs victimes ?
Le mystère reste entier, et les paris peuvent être lancés !

La recette magique de Marc Cherry toujours de mise
Même si les personnages et les époques diffèrent, on reconnait très rapidement la patte signature de Marc Cherry.
En effet, Why Women Kill c'est avant tout une histoire de femmes, d'amour et de tromperies, de mensonges et de secrets mais aussi de voisinage. Cela me rappelle quelque chose...
Et oui, tous les ingrédients qui ont fait le succès de Desperate Housewives sont donc à nouveau réunis dans sa dernière création.
Même l'humour piquant, caractéristique de Marc Cherry, est au rendez-vous avec ces nouveaux personnages, qui ont toujours le mot pour (faire) rire.
On retrouve aussi de vraies ressemblances dans les scènes de comique de situation.
Après avoir vu notre chère Susan enfermée hors de son domicile entièrement nue, tentant de se camoufler comme elle peut dans les buissons, c'est au tour de Beth de s'y frotter !
Voulant faire une surprise aguicheuse à Rob, elle décide de dîner en tenue d'Eve. Mais c'était sans compter sur la visite surprise du patron de son mari, qui assiste à toute la scène depuis la fenêtre... (Akwaaaaard)

Même la façon de mettre en scène la nudité de ses personnages, joliment cachée à l'aide d'ornements floraux, est identique.
Le générique n'est pas sans rappeler, lui aussi, celui de Desperate Housewives.
Après avoir revisité des oeuvres célèbres (peinture flamande de Jan Van Eyck, peinture gothique de Grant Wood, affiche de propagande de Dick Williams, oeuvre Pop-Art de Robert Dale) pour mieux les détourner et nous livrer sa version de la femme désespérée au fil des siècles, voici sa nouvelle proposition. Et elle apparait comme une suite logique.
Cette fois dans une esthétique comics, on entre dans une phase de soulèvement de toutes ces femmes victimes de la violence / ignorance / fainéantise / tromperie / indélicatesse de leurs maris. No more ! Voici le temps de la révolte et de la vengeance !
Le ton est donné !

Un esthétisme travaillé
Rien n'a été laissé au hasard concernant l'esthétisme dans cette série.
On peut saluer le travail qui a été fait pour retranscrire aussi joliment les différentes époques dans lesquelles évoluent nos trois héroïnes, que ce soient à travers les décors, leurs costumes, ou même leurs maquillages et leurs coiffures.
On retrouve ainsi avec grand plaisir les 60's, qui ne sont pas sans nous rappeler Mad Men :

Et les 80's qui nous évoquent Dynastie, Dallas et autres Amour Gloire et Beauté :

C'est vraiment agréable de se retrouver catapulté dans le passé, tant et si bien que le troisième pan de l'histoire (celui de Taylor de nos jours) se retrouve bien en peine.
Sans l'élégance des robes 60's ou le clinquant des paillettes des 80's, notre dernière héroïne et son environnement semblent tout de suite un peu plus mornes...

(Oupssss)
Au-delà de mettre en avant l'esthétisme de ces si belles années, Marc Cherry a aussi (consciemment ou non) rendu hommage au cinéma et à certaines de ses scènes phares. En effet, le troisième épisode de Why Women Kill s'ouvre et s'achève autour du tango :
"Ça commence en douceur, avec un regard ou un geste. Et une fois l'invitation acceptée, le tango démarre. C'est une danse d'anticipation, de séduction, de désir, d'amour. On dit qu'il faut être deux mais il arrive que dans l'ombre rode une troisième personne. Et si vous la faites entrer dans la danse, soyez prêts à en assumer les conséquences car la passion se transforme en jalousie et l'amour peut devenir violent. Et le tango est là pour nous rappeler que les grandes histoires d'amour passionnelles peuvent se finir en mort tragique."
Cette danse métaphorique des événements à venir au sein de ses trois couples n'a pas été sans me rappeler les scènes de tango de Chicago et Moulin Rouge !

N'est-ce pas d'ailleurs tout le sujet de ces deux films ?
La jalousie et l'adultère qui mènent à la vengeance et au meurtre ?
C'est en particulier le cas dans Chicago, où les femmes emprisonnées de la chanson Cell Block Tango sont toutes des épouses qui sont passées à l'acte pour se venger de leurs maris. On s'attendrait presque à voir Beth, Simone et Taylor apparaître au détour d'une cellule et danser avec elles !
Un bilan global cependant assez décevant
Après ces trois premiers épisodes, et ce malgré ses nombreuses qualités, mon verdict sur Why Women Kill est plus que mitigé.
Tout d'abord, il ne faut pas se mentir, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

Après Desperate Housewives puis Devious Maids, on retrouve à nouveau des femmes qui rencontrent des difficultés dans leurs couples respectifs, basés sur des mensonges, des secrets et/ou des adultères. Le rôle du voisinage, avare de potins et qui se ravit du malheur des autres, fait également redite. Même si les époques et les personnages sont nouveaux, le résultat final est globalement peu surprenant.
Ensuite, et je ne sais pas si cela est juste un problème de traduction, mais j'ai trouvé les dialogues étonnamment vulgaires. Comme je n'ai pas pu regarder les 2 premiers épisodes en V.O. (Merci M6 !) je me suis retrouvée avec les bons doublages français. Et j'ai été assez surprise par les échanges entre les personnages...
Marc Cherry a toujours aimé les blagues lubriques, les sous-entendus coquins et autres provocations sexy faites par ses héroïnes. Mais cela est habituellement subtil et bien amené.
La finesse et la justesse de son humour et de ses sous-entendus ont été remplacées par la lourdeur et la vulgarité, et c'est vraiment dommage.
Encore une fois, peut-être qu'en anglais cela ne sonne pas du tout pareil, et que mon impression aurait été totalement différente ?
En français en tout cas, ça manque clairement d'élégance...

(En revanche j'adore leurs bodies)
Enfin, ce qui manque aussi, c'est un peu plus de piment.
Cette série est pour le moment assez fade, malgré tous ses artifices esthétiques et les gros enjeux mis en place dès le pilote (3 meurtres à venir : qui meurt, et qui va les tuer ?).
Il est clairement compliqué pour Marc Cherry de pouvoir satisfaire pleinement les téléspectateurs (en particulier ses fans) après Desperate Housewives.
Il avait frappé tellement fort avec cette série inoubliable que nos attentes derrière sont forcément très grandes.
Pourtant, je suis partie sans a priori sur Why Women Kill, bien au contraire.
J'étais déjà à moitié conquise de savoir que c'était la nouvelle création de Marc Cherry. Et même si j'ai trouvé que Devious Maids était, à tout point de vue, bien moins réussie que son aînée, je l'avais suivie jusqu'au bout.
Sympathique donc, mais pas renversante.
Je continuerai néanmoins de regarder les prochains épisodes, car j'ai vraiment envie de voir comment cette série va évoluer au fil des épisodes.
Après tout, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise ?
" Mais de toutes les manières, c'est Desperate Housewives que j'préfère ! "

Comments